Temps Féodaux

Les Drames de Fébus

Conflits et Tragédie

Guerre contre le Comminges et Médiation...

Analyse Détaillée

Explorez les différents aspects de cette période

La mort de Pierre-Raymond II de Comminges le 15 octobre 1375, posa un problème de succession. L'héritage ne revenait pas à sa fille aînée, qui y avait renoncé lors de son second mariage, mais à la cadette, Marguerite, une fillette d'environ dix ans placée sous la tutelle de sa mère. La généalogie de la maison de Comminges révèle que la situation n'était pas simple : en 1339, après la mort d'un garçon en bas âge, le comté aurait pu revenir à la sœur aînée, Cécile. On prétendit cependant aussitôt que le comté devait être un fief masculin ne pouvant tomber aux mains d'une femme. Il en résulta une mêlée générale, dont Pierre-Raymond ne sortit vainqueur qu'avec l'aide de son beau-père, Gui de Comminges, le "redoutable 'roi de l'Albigeois'", et du roi de France Philippe VI. Ce dernier soutenait cette solution pour éviter que le Comminges ne tombe aux mains des Anglais par le mariage de Cécile avec le comte d'Urgel, un seigneur catalan. Les remous ne s'étaient pas calmés en 1350, et après divers marchandages, Pierre-Raymond II, qui avait succédé à son père en 1341, avait épousé sa cousine Jeanne. En 1375, une situation comparable à 1339 se reproduisit donc : le fief pouvait "tomber en quenouille" entre deux femmes. L'héritière Marguerite étant "mince", un prétendant se manifesta : Gaston X, fils d'Aliénor de Comminges. Le voeu de sa mère était d'être inhumé au couvent de Notre-Dame de Salanques, qu'elle avait fondé. Fébus arriva donc avec ses fils, une armée et d'Aliénor, qui fut ramenée d'Orthez au pays de Foix. Gaston Fébus cherchait à attirer les foules sur les routes longeant la Garonne en Comminges et affirma publiquement ses prétentions. La cérémonie religieuse n'était pas encore terminée qu'il trouva Jeanne de Muret pour lui exposer ses revendications. Elle le reçut, non dans un château mais sur le pont traversant la Louge, selon une méthode qui se répandait en ces temps d'insécurité : il valait mieux se rencontrer dans un espace découvert, un pont étant idéal car les accès pouvaient être facilement contrôlés. Cette entrevue n'eut pas de résultat immédiat, si ce n'est l'accord de ne pas laisser dépouiller la "fille" (Marguerite). La guerre de Comminges apprit peu après qu'un nouvel affrontement se formait entre le Foix-Béarn et l'Armagnac. Dès la mort de Pierre-Raymond II, Jean II d'Armagnac s'était présenté pour "défendre les droits de la petite fille", un geste qui n'était nullement désintéressé : il proposa immédiatement Marguerite en mariage à son propre fils, également nommé Jean, futur comte d'Armagnac. Cette union de l'Armagnac et du Comminges, répondant à celle du Foix et du Béarn, aurait interdit à Fébus de mettre en œuvre son "second 'grand dessein'", qui était de contrôler, directement ou indirectement, les seigneurs séparant le Nébouzan du pays de Foix et de la vicomté de Béarn. Après la Bigorre, le Comminges garonnais devenait l'enjeu de la rivalité séculaire entre les deux maisons. Jeanne se méfiait de ce titre, tout autant que de celui de Jean, fils de Gaston. En étudiant la proposition de mariage, elle remarqua que sa fille n'était pas encore nubile, mais elle n'eut pas la possibilité de refuser son concours militaire. Si l'enquête imminente du duc d'Anjou ne les empêchait pas, les hostilités s'engageraient.

Les Drames de Fébus – Temps Féodaux | Mémoire du Béarn