Temps Féodaux

Vers la Souveraineté

Le Béarn s’unit un comté vassal de la France

De Marguerite à Fébus, l’indépendance devient diplomatie maîtrisée...

Analyse Détaillée

Explorez les différents aspects de cette période

Dans les actes réglant sa succession en 1286, Gaston VII proposa un partage précis parmi ses filles, Constance conserverait le Marsan à titre viager, avant de le transmettre à sa sœur Marguerite qui recevait le Béarn, Mathe conserverait le Gavardan et le Brulhois et Guillelme hériterait des possessions catalanes, à condition de ne pas se marier et Gaston réaffirme clairement sa vassalité envers le roi-duc d’Angleterre en recommandant à ses successeurs de continuer à lui prêter hommage. Le 11 mai 1286, la Cour de Béarn, réunie à Morlàas, en présence de Gaston VII et de ses filles, approuva officiellement le nouveau règlement successoral, et pour rendre l’acte inattaquable, on fit venir le célèbre juriste Arnaud Novelli. Selon ce texte, Roger-Bernard de Foix et Marguerite, à leur succession, devraient prêter hommage au roi d’Angleterre pour le Béarn et pour leurs autres fiefs gascons, dont le Marsan. Toutefois, le Béarn ne peut être assimilé aux autres fiefs gascons, car le roi d’Angleterre n’y nomme aucun administrateur. Le vicomte continue d’y exercer pleinement la potestas, tout en reconnaissant la suzeraineté du roi-duc. En termes modernes, le Béarn est associé, mais non intégré au système féodal anglais. Gaston VII avait d’ailleurs fait préciser que l’union Foix-Béarn serait indissoluble, fondant la nouvelle orientation politique de la vicomté. Le 11 mai 1290, Roger-Bernard III se présente devant la Cour Majour de Morlàas, accompagné de Marguerite et de Constance, vicomtesse de Marsan. Il jure de respecter l’union Foix-Béarn et toutes les clauses du règlement successoral. Sous la pression de Constance, fidèle soutien de la cause anglaise, il écrit à Édouard Iᵉʳ pour lui renouveler sa fidélité et promet de prêter hommage au plus tôt. Mais ces démarches sont dictées par la nécessité politique, Roger-Bernard a besoin de l’appui du roi d’Angleterre pour asseoir sa succession. Peu après, comprenant que Philippe le Bel étend lentement son influence par une « infiltration progressive », Roger-Bernard décide de se rapprocher du roi de France. À la fin de 1290, il signe à Paris un accord avec Philippe le Bel. Dès lors, la rupture avec Édouard Iᵉʳ est consommée, l’hommage promis n’est jamais rendu, quand éclate la guerre entre France et Angleterre, le comte de Foix combat dans l’armée française, alors qu’Édouard Iᵉʳ l’avait convoqué dans la sienne. Les efforts du roi d’Angleterre, notamment la mission de Jean de Bretagne à Orthez pour le convaincre, restent vains. La rupture est si totale qu’on ne trouve aucune mention du vicomte de Béarn dans les archives anglaises de 1295 à 1302.

Vers la Souveraineté – Temps Féodaux | Mémoire du Béarn