Le Béarn et la monarchie française
La monarchie française s'impose en Béarn....
Explorez les différents aspects de cette période
Après la mort d’Henri IV, une vive tension éclata dans le Béarn : les États, majoritairement protestants, refusèrent d’accorder davantage de liberté au culte catholique, en contradiction avec l’édit de Fontainebleau. Cette situation provoqua une confrontation entre Antoine de Gramont, catholique, soutenu notamment par le protestant Bernard de Montaut, et le baron de La Force (protestant). En 1615, le clergé catholique, représenté par Jean de Salettes (évêque de Lescar) et Arnaud de Maytie (évêque d’Oloron), profita de la faiblesse de la Régence pour réclamer au Conseil du roi la restitution de leurs biens confisqués depuis Jeanne d'Albret. Si Marie de Médicis envisagea un temps l'union politique du Béarn à la France pour régler le problème, elle se heurta aux Fors, les lois fondamentales garantissant la souveraineté de la vicomté. De plus, La Force, impliqué dans la révolte des princes (aux côtés de Condé), parvint à maintenir le statu quo et à ralentir toute réforme jusqu'en 1616. Tout changea avec le "coup de majesté" de Louis XIII. Après l’assassinat de Concini (avril 1617) et sa prise de pouvoir effective, le jeune roi, marié à Anne d'Autriche et désireux de renforcer l'unité catholique face à l'Espagne, décida de trancher. Le Béarn, qui se gouvernait quasiment sans prince depuis 1593, devenait une anomalie. En juin 1617, Louis XIII frappa fort : il promulgua l'Arrêt de Mainlevée. Ce texte ordonnait la restitution immédiate des biens ecclésiastiques aux catholiques, compensant les pasteurs protestants par une pension royale (édit confirmé en septembre). C'était une attaque directe contre l'organisation économique du protestantisme béarnais. La réaction fut immédiate. Dès novembre 1617, les États de Béarn rejetèrent l'édit, le déclarant contraire aux Fors et à la souveraineté du pays. Le conflit se déplaça sur le terrain juridique : le Conseil Souverain de Béarn (équivalent du Parlement) refusa d'enregistrer et de publier les lettres royales. L'escalade devint inévitable en 1618. Louis XIII envoya des "lettres de jussion" (ordres impératifs) en juillet, mais le Conseil s'obstina dans son refus, arguant que le roi ne pouvait modifier les lois religieuses du Béarn sans le consentement des États. En octobre 1618, le roi dépêcha un commissaire, Jean d’Esquille, pour briser cette résistance et convoquer les syndics à la Cour. L'émissaire royal fut si mal reçu qu'il dut quitter précipitamment le Béarn sous les menaces. Cet échec de la diplomatie marquait la fin des négociations.