Entre piété et ambition, le Béarn s’engage dans la Reconquista
Gaston IV poursuit son élan de foi affirmant le rayonnement du Béarn...
Explorez les différents aspects de cette période
En 1101, Gaston IV de Béarn et son épouse Talèse installent à la cathédrale de Lescar, autour de l’évêque Sanche, un chapitre de chanoines suivant la règle de Saint-Augustin. Ce geste manifeste leur piété et leur volonté d’affirmer leur foi, notamment après le retour de Gaston de la croisade à Jérusalem. Le 21 avril 1101, sur l’instigation de l’archevêque d’Auch, ils fondent à Lescar, avec l’accord de l’évêque, un hôpital destiné aux pauvres et aux pèlerins. Pour son entretien, ils lui attribuent des redevances dans le Vic-Bilh et les revenus de plusieurs églises locales (Caresse, Assat, Bordes). Le 6 avril 1102, à Pâques, ils renouvellent leur piété en accordant au même hôpital le droit de percevoir un péage sur une passerelle à Lescar. Le propriétaire des terres devait fournir des juments pour le labour et du blé, recevant en échange une rente versée à la Toussaint et à la foire. Le même jour, Gaston et Talèse transfèrent à la cathédrale de Lescar leurs droits de justice et les revenus de toute la paroisse. Au début de 1102, après la naissance de leur fils Centulle V, Gaston effectue une nouvelle donation pour le prieuré clunisien de Sainte-Foy « pro Centullo filio meo » (pour mon fils Centulle). Il confirme ses donations précédentes et y ajoute la dîme sur les ventes de vin et de viande à Morlaàs, le dixième des revenus des vignes vicomtales et les cinq sous morlans perçus lors du « cursus equorum », joute équestre organisée à la Toussaint. Ces dons traduisent une volonté d’unir foi, héritage et prestige seigneurial. Le 19 février 1102, dans le cloître de Sainte-Foy, Gaston et Talèse signent un privilège d’ingénuité en faveur des habitants de Morlaàs, les plaçant sous leur protection directe. Ce geste marque une étape vers la création du futur « For » du Béarn, fondement des libertés locales. Dans cet esprit de dévotion, Gaston se qualifie lui-même de « pécheur Gaston, vicomte de Béarn ». Face à la violence des chevaliers, l’Église instaure la Paix de Dieu, renforcée par les décisions du concile de Latran. Les combats sont désormais autorisés que les mardis et mercredis, sauf jours fériés, tandis que les seigneurs pouvaient toujours traverser les Pyrénées pour lutter contre les infidèles. Gaston, accompagné de ses châtelains, rejoint Bernard, comte d’Armagnac, à l’église de Diusse. En présence de Sanche, évêque de Lescar, ils confirment leur adhésion aux prescriptions de l’archevêque d’Auch en faveur de la paix et de la trêve. Malgré cette pacification religieuse, Gaston poursuivra ses combats contre Dax et Soule, occupant même les régions de Mixe et Ostabaret.