Le Royaume de France est chamboulé
Jusqu'à la convocation des États généraux en 1789...
Explorez les différents aspects de cette période
Jacob Frank, mystique juif, se réclamait de Sabbataï Tsevi, faux messie du XVIIᵉ siècle, et fonda un mouvement dissident appelé le frankisme, qui mêlait des éléments du judaïsme kabbalistique, du sabbataïsme et du mysticisme chrétien. Vers 1755, lui et ses disciples furent violemment rejetés par les autorités rabbiniques traditionnelles, accusés d’hérésie, d’orgies rituelles et de blasphèmes. Frank enseignait que la vérité divine se révélait par la “transgression”, prônant ainsi une inversion des valeurs religieuses dans un mysticisme antinomien rejetant les lois traditionnelles. En 1759, dans une tentative d’élargir son mouvement et dans une stratégie d’infiltration, il feignit une conversion au catholicisme, estimant que le catholicisme polonais pouvait lui offrir une protection politique ; il fut baptisé à Lviv avec plusieurs centaines de fidèles, certains parrainés par de puissants nobles polonais. Mais cette conversion servait aussi un but doctrinal : Frank enseignait que le catholicisme représentait une étape de la révélation divine, une “seconde loi” succédant à celle de Moïse et annonçant une “troisième loi”, une religion universelle censée dépasser à la fois le judaïsme et le christianisme. Après sa mort, ses disciples les Frankistes, se sont dispersés en Europe centrale. Certains d’entre eux ont cherché à s’intégrer dans la société chrétienne, en se fondant dans la noblesse ou la bourgeoisie. Dans l’Empire austro-hongrois, la descendance de familles frankistes (comme les Dobruschka ou les Fränkel) a souvent rejoint les milieux maçonniques ou intellectuels ; l’un d’eux, Moses Dobruschka, alias Franz Thomas von Schönfeld, a même été anobli à Vienne, Il crée en 1780 les Frères Asiatiques, qui accueilleront le duc de Brunswick, dont le neveu sera à la tête de l’armée prussienne à Valmy en 1792 (le début d'une rivalité France/Allemagne allant jusqu'au traité de Francfort, la cause des blocs militaires de 1914). Leur conversion au catholicisme rendait les frankistes éligibles à certaines fonctions interdites aux juifs.