Le Béarn souverain sous Gaston Fébus
Puissance, art et liberté définissent l’État fébusien...
Explorez les différents aspects de cette période
Dès 1328, lors de l’élection de Philippe VI de Valois, Gaston IX prit parti pour le nouveau roi de France, en participant à une expédition contre les Flamands rebelles qui furent écrasés à Cassel. Édouard III d’Angleterre vint même lui-même en 1331 prêter hommage au roi de France pour la Guyenne. Quand la guerre éclata en 1337, Gaston IX soutint sans hésitation Philippe VI et accourut à son secours. Ce soutien au roi de France provoqua rapidement une crise de frontières avec un vassal du roi d’Angleterre, le baron Garcie-Arnaud de Sault-de-Navailles, dont les domaines touchaient ceux du Béarn près d’Orthez, alimentant les tensions déjà existantes dans la région. Ayant prêté de l’argent à Édouard III d’Angleterre sans jamais être remboursé, Gaston II de Foix-Béarn fit appel au Parlement de Paris pour récupérer sa créance. Le Parlement ordonna la saisie des biens du roi-duc, mais refusa finalement d’exécuter cette décision, provoquant la riposte d’Édouard III qui confisqua le duché de Gascogne et, en 1338, reprit le titre de roi de France en Flandres contre Philippe VI, ce qui suscita une révolte de la bourgeoisie flamande. Dès février 1338, Gaston IX mena des opérations militaires dans le camp français, bien que la situation fût complexe : vassal de Philippe VI pour le comté de Foix, il dut assiéger le château d’Aire-sur-l’Adour, tenu par une garnison gasconne sous le commandement d’un seigneur béarnais. Odet de Castetpouey, capitaine du château, se rendit sans combattre, obtenant en échange une rente, ce qui mit fin à cette guerre de façade. La tension diminua lorsque Gaston IX partit combattre en Flandres pour le roi de France : il obtint alors la vicomté de Lautrec et la promesse de la vicomté basque de Soule, à condition d’en expulser les Anglo-Gascons. Les trêves conclues en 1340 furent prolongées jusqu’en 1345, permettant à Gaston IX de participer à une croisade en Andalousie et d’assurer la régence d’Aliénor, sa mère, dans le calme. Après la rupture des trêves par Édouard III, le comte de Derby débarqua à Bayonne le 6 juillet 1345, tandis que le jeune Gaston X Fébus recevait l’hommage d’un seigneur béarnais et affirmait sa volonté de servir le roi de France comme son père. En pratique, il se montra plus prudent : il limita son engagement à la défense du Marsan et du Gabardan, recevant pour cela 300 hommes d’armes et 1 000 fantassins envoyés par le roi Philippe VI, tandis que ses oncles Roger-Bernard de Castelbon et Robert, évêque de Lavaur, combattaient en Limousin auprès du duc de Normandie, futur Jean II le Bon. L’hiver interrompit les combats, qui reprirent au printemps 1346 : le duc de Normandie rejoignit les troupes commandées par Pierre de Bourbon sur la Garonne pour assiéger Aiguillon, siège qui dura quatre mois. Fidèle à sa stratégie de prudence et d’intervention limitée, Gaston X se contenta d’un soutien financier et militaire modéré, maintenant son équilibre entre les deux couronnes sans s’impliquer directement. Alors qu’il se trouvait en Béarn, Gaston X Fébus apprit qu’Édouard III d’Angleterre, après avoir débarqué près de Cherbourg, avait traversé la Normandie et écrasé l’armée française à Crécy-en-Ponthieu le 26 août 1346 avant d’assiéger Calais. Paralysé par cette défaite, Philippe VI convoqua ses vassaux à Amiens pour la Pentecôte de 1347, mais le comte de Foix ne s’y rendit pas, rompant ainsi avec la tradition de fidélité à la couronne. Gaston X saisit cette occasion pour se démarquer du conflit franco-anglais et affirmer publiquement l’indépendance du Béarn en réaction à une demande royale.