Le Béarn s’émancipe et affirme son équilibre politique
Des Guillaume à Gaston VII, le Béarn s'extirpe de l'Aragon...
Explorez les différents aspects de cette période
Boson de Matha, époux de Pétronille de Bigorre, prit en main les affaires familiales de sa femme, notamment ses droits héréditaires sur la maison de Comminges, issus de son père Bernard de Comminges. Faute d’obtenir justice pacifiquement, il entra en guerre contre Bernard, comte de Comminges et beau-frère de Pétronille. Grâce à la médiation d’Amanieu d’Albret, l’affaire fut soumise à un arbitrage conjoint avec le comte de Toulouse. La rencontre se tint sur la lande de Bosc, en Nébouzan, où une paix fut conclue sous la garantie de Bernard II, archevêque d’Auch. Chacun remit des châteaux en gage d’exécution : Salies et Fronsac pour Comminges, Maîtrezin et Saint-Plancard pour Bigorre. Pétronille conclut ensuite une « ligue perpétuelle » avec Guillaume-Raymond de Moncade, seigneur de Béarn et frère jumeau de Gaston IV, afin d’assurer une amitié durable entre la Bigorre et le Béarn, unis par leurs intérêts communs : le contrôle des routes pyrénéennes et la défense contre Toulouse et l’Angleterre. En gage, elle donna au vicomte de Béarn la vicomté de Marsan, zone stratégique entre Gascogne et Béarn, ainsi que la seigneurie du quartier de Saragosse, sans doute des droits commerciaux ou fonciers. Elle céda plus tard ses droits sur le comté de Comminges. Connue pour sa piété et sa générosité, Pétronille versa des rentes aux pauvres de Baloc, Larreule, Parrabère et Caixon. Elle fit un legs à Amanieu, archevêque d’Auch, pour le remercier de ses services et rembourser une dette de 5 000 sols envers son prédécesseur Garcias II grâce aux revenus de Bagnères. Elle fit aussi des dons à Boson, son époux, qui administra la Bigorre comme comte jusqu’à remboursement des dettes. De leur union naquit Mathe, réputée pour sa piété, que Pétronille maria à Gaston VII de Moncade, vicomte de Béarn. Mais Gaston revendiqua la succession de la Bigorre, affirmant que le mariage antérieur de Pétronille avec Nuno, comte de Cerdagne, rendait nul son troisième mariage avec Guy de Montfort, rendant ainsi Esquivât, fils de ce dernier, illégitime. Pour se protéger, Esquivât se plaça sous la suzeraineté du roi d’Angleterre Henri III, à qui il rendit hommage pour la Bigorre, un fait inédit. Gaston, maître de Castelnau-de-Rivière-Basse, attaqua alors les terres bigourdanes jusqu’à Tarbes. Acculé, Esquivât fit appel à Simon de Montfort, lieutenant du roi d’Angleterre en Gascogne, et lui donna le comté en garantie, espérant le récupérer une fois la paix revenue. Grâce à la médiation d’Alphonse d’Aragon et de Roger de Foix, les hostilités cessèrent. Le 17 septembre 1257, à Orthez, Roger de Foix rendit sa sentence : Esquivât céderait à Gaston et Mathé la juridiction sur le Marsan et la Rivière-Basse, en échange de leur renoncement au reste du comté de Bigorre. Peu après, Roger maria sa fille Agnès à Esquivât, scellant la réconciliation. Esquivât fut ensuite dédommagé par l’héritage du vicomté de Couserans. Un nouveau conflit l’opposa toutefois au comte de Comminges, qui refusa de lui rendre le château de Cordesque, nécessitant un nouvel arbitrage du comte de Foix. En 1258, à Paris, Esquivât commit une erreur diplomatique en confirmant à Simon de Montfort la donation de Lourdes et Mauvezin. Montfort s’en servit pour se proclamer seigneur de Bigorre et envoya son cousin Philippe de Montfort prendre possession des châteaux. Esquivât reprit les armes, mais une trêve fut conclue : Montfort conserva Lourdes et Tarbes jusqu’à Noël, puis renonça. Reconnaissant la loyauté de Gaston de Béarn, Esquivât s’engagea finalement à ne jamais vendre ni aliéner la Bigorre sans l’accord du Béarn et du Foix.